
L’hôpital de demain : enjeux et perspectives | Synthèse de la matinée
Ces dernières années, la digitalisation a bousculé le secteur de la santé. Et pour de bonnes raisons, car de nouvelles solutions, permettant à la fois d’optimiser les processus métiers et d’améliorer l’expérience du patient, voient le jour. Ce faisant, elles ouvrent une fenêtre sur ce que sera l’hôpital de demain. C’est précisément le thème choisi pour cette matinée d’échanges organisée conjointement par l’ADOM, Viamedis, Noé Santé et Pharmao, le 24 janvier 2023. L’évènement s’est focalisé sur le dispositif ROC (Remboursement des Organismes Complémentaires) mis en place par le gouvernement et sur les nouveaux services qui s’articulent autour de cette norme, en sortie d’hospitalisation.
1. Origines et enjeux du dispositif ROC
Après une brève présentation de la matinée, la première table ronde a démarré avec l’intervention du Docteur Gilles Hebbrecht sur les origines du dispositif ROC. En tant que chef du programme SIMPHONIE pour le compte de la direction générale de l’offre de soins (DGOS), qui dépend du ministère de la Santé et de la Prévention, ce dernier est revenu sur les relations dysfonctionnelles qui existent traditionnellement entre les établissements de santé et les organismes complémentaires d’assurance maladie (OCAM). De ce constat est née l’idée de bâtir une nouvelle norme pour faciliter les échanges entre ces derniers.
Les enjeux de ce dispositif sont forts, aussi bien pour la DGOS que pour les établissements de soins et les OCAM. Il s’agit de simplifier les processus de traitement de la facturation au profit des établissements et des patients, en apportant aux premiers une meilleure prévisibilité financière et en garantissant une traçabilité complète de ces processus, afin d’optimiser la satisfaction des seconds. Ce faisant, la norme ROC contribue à augmenter l’efficience du Tiers Payant et à remettre l’AMC (Assurance Maladie Complémentaire) au premier plan dans les relations avec les assurés.
Les intervenants ont mis en avant un premier bilan de ce dispositif plus qu’encourageant. Pour Sandra Ginon, responsable Admissions et Frais de séjours au GHU de Paris Saint-Anne, « la plus-value de ROC est immédiate : on simplifie le Tiers Payant, on facilite l’accès aux soins et on optimise le recouvrement ». En fin d’expérimentation, toutes les factures du groupe hospitalier avaient été payées en temps et en heure, sans réclamation ; quant au taux de rejet, il est proche de zéro, selon Morgane Langlois Gautier, responsable du pôle SI Santé du Centre technique des institutions de prévoyance (CTIP).
Cette simplification des processus conduit à « un dialogue apaisé entre les établissements de santé et les OCAM, davantage centré sur le patient, grâce à des affaires courantes désormais gérées par des webservices », comme l’a expliqué Morgane Langlois Gautier.
« Un changement de culture en profondeur, qui favorise l’amont plutôt que l’aval, en informant le patient dès sa préadmission et plus seulement lorsqu’un problème se fait jour », s’observe également selon Sandra Ginon. De fait, le dispositif ROC ne se contente pas de fluidifier les processus, il modifie en profondeur l’organisation du travail au quotidien.
2. Bilan du dispositif ROC pour les complémentaires santé et pour Viamedis
Qu’en est-il du côté des OCAM ? Christophe Lapierre, directeur des systèmes d’information de santé pour la Mutualité Française, a indiqué que « 55 % des bénéficiaires d’une mutuelle sont déjà dans ROC » et que la quasi-totalité des patients compatibles devrait être concernée sous peu. Il prévoit également d’atteindre « 300 établissements de santé en production dès le 2e trimestre 2023 ». Du côté des OCAM, les retours d’expérience sont selon lui « extrêmement favorables, avec un délai de réponse de 0,4 seconde en moyenne et près de 90 % des volumes de facturation couverts par les six éditeurs certifiés ».
Un enthousiasme confirmé par l’expérience positive de Malakoff Humanis, expérimentateur de ROC depuis le lancement. Après deux ans d’utilisation et un déploiement dans 80 établissements de santé (dont les flux sont gérés par Viamedis), ROC bénéficie aujourd’hui à 3 millions de patients, et va, d’ici mars 2023, être développé sur un total de 120 établissements. Quant aux rejets de paiement, ils n’existent quasiment plus. Pour Nicolas Diot, directeur de Projets Santé chez Malakoff Humanis, « ROC montre aux adhérents que les complémentaires santé peuvent les accompagner au plus près et leur proposer des services pertinents au moment opportun ».
Viamedis n’est pas en reste. L’opérateur de Tiers Payant sort enrichi de cette phase d’expérimentation qui a permis d’offrir à ses clients OCAM un dispositif fiable et efficace, basé sur un vocabulaire commun à toutes les parties prenantes. Dans le même temps, l’organisme a constaté « une baisse importante de la charge de gestion en vertu de l’automatisation du traitement des demandes et de la réduction des litiges », tout en bénéficiant des données enrichies par le dispositif pour « proposer de nouveaux services aux OCAM », selon les mots de Louise Leibovici, Product Owner Hospitalisation et Soins Externes chez Viamedis.
3. Optimiser la prise en charge du patient en sortie d’hospitalisation
Grâce au partage des droits des patients en temps réel permis avec la mise en place du dispositif ROC, de nouveaux services peuvent désormais être proposés par les OCAM pour accompagner davantage leurs bénéficiaires au cœur de leurs parcours de soins. C’est le cas notamment de Noé Santé (solution d’accompagnement du patient au retour à domicile, coordonnée avec l’établissement de santé) et Pharmao (service de livraison de médicaments à domicile ou en Click & Collect).
L’accompagnement post-hospitalisation à domicile
Noé Santé répond aux enjeux d’un système hospitalier sous tension, qui voit le nombre de lits diminuer et les besoins d’hospitalisation augmenter. La crise de l’hôpital n’est certes pas nouvelle, mais elle s’est aggravée avec la Covid en se traduisant par « une hausse du nombre de patients et une baisse conjointe du nombre de personnels soignants », comme l’a expliqué Caroline Lustman, médecin urgentiste à l’hôpital privé d’Antony.
Dans ce contexte, l’accompagnement à domicile permet de réduire la durée d’occupation des lits et de libérer de la place pour les patients devant être pris en charge dans les meilleurs délais, tout en assurant la sécurité et la bonne santé des personnes suivies chez elles. Grâce à Noé Santé, « la durée moyenne de séjour en hôpital est diminuée de 3,2 jours en moyenne et le taux de ré-hospitalisation diminue de 35 % », selon Ludovic Brunetaud, co-fondateur de l’entreprise. Avec un taux de satisfaction de 98 % au sein de la patientèle. Le recours à ce service a également permis d’économiser plus de 9 500 jours d’hospitalisation – un chiffre d’autant plus impressionnant lorsqu’on sait, comme l’a rappelé Ludovic Brunetaud, que « chaque journée d’hôpital coûte pour les OCAM entre 150 et 250 € ! ».
Aux yeux de Viamedis, Noé Santé est un véritable game changer. Le service offre des avantages à la fois aux patients, aux établissements de santé et aux OCAM. Et l’opérateur de Tiers Payant joue ici un rôle primordial de facilitateur technologique en faisant en sorte que l’information parvienne aux bonnes personnes en temps réel. Le fait que certains établissements de l’AP-HP prévoient de déployer eux aussi cette solution prouve bien que le besoin est vivace, et que ce rôle de facilitateur est plus important que jamais.
La livraison de médicaments à domicile
Le service offert par Pharmao s’inscrit dans la même logique : « faciliter le retour à domicile des patients, mais aussi simplifier la prise en charge des soins de ville, avec une attention particulière portée sur les patients en situation d’ALD (affection de longue durée) », expliquent Nicolas Schweizer, son co-fondateur et Franck Tricot, son Chief Strategy Officer.
La volonté de déployer la solution Pharmao est née d’un double constat : la digitalisation grandissante des prestations de santé permettant d’assurer un parcours patient sans couture, de bout en bout, et l’intérêt des Français pour la livraison de médicaments à domicile. Une telle solution répond, en outre, aux enjeux actuels du système de santé. À ce titre, si 80 % du flux de commandes via Pharmao se fait aujourd’hui en zone urbaine, l’entreprise prévoit de lancer prochainement la livraison à J+1 afin de renforcer le maillage dans les zones rurales.
Enfin, grâce à sa connexion avec les flux de Viamedis, Pharmao peut faciliter le Tiers Payant sur ces prestations et calculer rapidement l’éventuel reste à charge, dans le cadre de l’intégration de ce service par les complémentaires.
Viamedis est fier d’avoir organisé cette matinée d’échanges riche en enseignements, autour du dispositif ROC et des solutions connexes. Ne ratez pas le prochain événement !